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Comité: Nicole Sibelet (Directrice de mémoire), Isabel Gutiérrez-Montes, Eduardo Somarriba, Jorge Sellare.

Résumé

Les arbres des exploitations agricoles constituent des ressources fondamentales dans les moyens de subsistance des populations rurales pauvres. L'importance des études sur les arbres dans les paysages agricoles est croissante. Elle se justifie tant par son importance écologique que socio-économique. Des efforts ont été faits au niveau mondial afin de connaître et de quantifier ces arbres. Toutefois, les motivations qui poussent les paysans à les cultiver dans leurs exploitations sont encore peu connues, surtout dans un contexte actuel de déforestation et d'expansion de frontières agricoles dans lequel la restauration de secteurs dégradés et la promotion d'une agriculture soutenable sont promues. Cette étude, menée dans deux communes dans la région Atlantique Nord nicaraguayen, Waslala et El Tuma – La Dalia, identifie des facteurs socio-économiques qui influencent la présence d'arbres dans les exploitations. Les résultats montrent la forte relation entre les moyens de vie locaux et les arbres, comment les perceptions des paysans influencent la culture d'arbres dans les exploitations agricoles, et la relation entre la sécurité du foncier et la présence d'arbres.

Les paysans attribuent des valeurs, des usages et des symboles aux arbres, en accord avec le contexte culturel, social, politique, économique et environnemental dans lequel ils se trouvent. L'identité de paysan, l'enracinement dans les traditions familiales, la cosmovision faisant des arbres des êtres vivants et divins, le rôle fondamental que les arbres jouent dans l'approvisionnement des familles en bois d’œuvre, bois de chauffage et fruits, les valeurs esthétiques et économiques que les arbres confèrent aux exploitations agricoles, le capital financier qu'ils représentent comme bois sur pied, les services écosystémiques perçus par les paysans et la faible commercialisation du bois, comptent parmi les facteurs qui influencent la présence des arbres dans les exploitations.

Les stratégies et les objectifs des paysans qui cultivent des arbres répondent aux perceptions et aux nécessités produites par le contexte dans lequel ils vivent. Ils choisissent par exemple les arbres qu'ils vont cultiver, les ressources qu'ils vont utiliser pour cela et ils déterminent la distribution des arbres dans la propriété, en accord avec la manière qu'ils ont de les percevoir dans leur contexte. S'ils ont des espèces qu'ils considèrent meilleures (pour l'ombre, le bois, les fruits, ou la conservation de l'eau), ils vont leur affecter davantage de ressources et une situation privilégiée dans l'exploitation. Si un arbre peut permettre de subvenir à une nécessité familiale, le paysan décidera de l’abattre et de profiter de son capital financier. Si ce sont des arbres qui possèdent une valeur affective, il les  conservera. S'il les perçoit comme des êtres vivants, il évitera de les détruire. En outre, les paysans cultivent des arbres indépendamment de la sécurité formelle dont il dispose sur le foncier.

Mots Clés : Paysage-sentinelle, agroforesterie, arbres hors forêt, sociologie rurale